Consultations sur la Politique québécoise de la culture
La directrice du Regroupement québécois de la danse est l’une des premières représentantes d’organismes nationaux à avoir pu émettre un avis sur la future Politique québécoise de la culture dans le cadre des forums de consultation organisés les 4 et 5 septembre derniers par le ministère de la Culture et des Communications. Voici le cœur du message qu’elle a adressé au ministre Luc Fortin.
Les orientations et objectifs de cette nouvelle politique culturelle nous semblent justes et pertinents. Mais le RQD est d’avis qu’elle offre surtout une formidable occasion de changer de paradigme en positionnant les arts et la culture au rang des secteurs stratégiques de la société québécoise et en en faisant une priorité gouvernementale pour incarner dans les faits la belle vision déployée dans les pages du projet Partout, la culture.
Partout, oui, mais pas à n’importe quel prix pour tous ceux et celles qui font cette culture. LA grande priorité du plan d’action de cette nouvelle politique, selon le RQD, c’est de s’attaquer sérieusement à l’amélioration des conditions socioéconomiques des artistes et des travailleurs culturels.
Et pour ce faire, la collaboration interministérielle apparaît primordiale tout comme l’augmentation substantielle des budgets que votre ministère consacre aux arts et à la culture, budgets que l’on devra penser à indexer régulièrement. L’argent étant le nerf de toute guerre, on ne gagnera pas celle de l’excellence, de la vitalité artistique, de l’innovation créatrice et du rayonnement international sans des investissements sérieux pour soutenir le développement durable du secteur.
Dans cette perspective, le renforcement des institutions publiques comme le CALQ est aussi primordial, ainsi qu’un meilleur soutien des associations et regroupements nationaux et régionaux. Nous pouvons être des partenaires de premier plan pour la mise en œuvre de cette politique si nous apprenons à bien travailler ensemble.
Concrètement, en lien avec les orientations de la Politique, le RQD préconise de:
– Mettre en œuvre un plan d’action pour les ressources humaines en arts et en culture, ce qui comprend notamment de se pencher sur les questions de formation, de santé-sécurité, de rémunération et sur la révision de la Loi sur le statut de l’artiste.
– Mener une grande campagne de valorisation des arts et, plus particulièrement, des arts contemporains. La pratique et la fréquentation des arts sont bonnes pour la santé individuelle et collective. Il est temps que cela se sache!
– Trouver des mécanismes efficaces pour renforcer le lien culture-éducation et faire des arts une matière comme les autres dans les cursus scolaires et faire en sorte que la danse trouve une place significative à l’école.
– Considérer les intérêts des artistes autant que ceux des élèves ou autres citoyens dans l’élaboration de mesures pour favoriser l’accessibilité aux arts.
– Tenir compte de la complexité des écologies disciplinaires et de la diversité des réalités vécues par les artistes au moment d’élaborer de nouvelles mesures, quelles qu’elles soient. Veiller à ce que des incitatifs ne deviennent pas des barrières.
– Se donner la souplesse de soutenir les projets et actions atypiques, mais néanmoins vitaux pour un milieu. Citons, en exemple, le cas des agents de diffusion en danse qui sont travailleurs autonomes et n’ont pas accès à l’aide dont ils auraient besoin.
– Rétablir les mesures d’aide à la coproduction et à la tournée. Il y a dissonance actuellement entre le discours politique et la réalité du terrain, ce qui crée de sérieuses entraves au développement et au rayonnement international des œuvres québécoises.
– Considérer l’importance de renforcer et de développer des pôles et foyers de danse sur l’ensemble du territoire québécois au bénéfice des populations locales, des artistes et de la relève disciplinaire.
– Veiller à rendre le territoire numérique accessible à tous sans mettre la charrue avant les bœufs: certains individus et structures ont des besoins de base à satisfaire avant de pouvoir songer au virage numérique.
– Pour le rayonnement de l’art chorégraphique québécois, miser aussi sur la production et la diffusion de grandes formes qu’on n’a plus les moyens de produire au Québec. Se donner les moyens de redonner à Montréal son titre de capitale internationale de la danse.
– Inclure la préservation et le partage de l’héritage du patrimoine chorégraphique et du patrimoine vivant dans les actions pour faire fructifier le patrimoine culturel. En matière de patrimoine, porter la même considération à la transformation du paysage artistique qu’à la transformation des paysages urbains et des milieux de vie.
– En matière de diversité culturelle et artistique, le RQD émet le vœu que les actions que vous choisirez de mettre en œuvre favorisent la mixité des pratiques et la porosité des frontières entre les différents groupes communautaires.
Ce renouvellement de politique est un moment clé dans l’histoire des arts québécoise. Nous comptons sur vous, Monsieur le Ministre, et sur l’ensemble du gouvernement, pour en faire un événement historique.
Fabienne Cabado
Directrice générale du RQD
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