Les successions en danse relancent le débat sur la relève et la consolidation disciplinaires
Le 11 mai, 18 professionnels de la danse ont publié sur voir.ca une lettre concernant la transformation de la mission originale de la compagnie O Vertigo en Centre de création. Le comité artistique de ce dernier y a offert une réponse la semaine suivante, amorçant ainsi un débat public sur les successions en danse.
Les 18 signataires interpellent notamment le Conseil des arts et des lettres du Québec et le RQD. Ils invitent le premier à se doter de mécanismes rigoureux et transparents d’accompagnement des projets de succession, de transformation de mission ou de fermeture de compagnies. Du RQD, ils s’attendent à ce qu’il mobilise l’ensemble du milieu dans une démarche collective de réflexion sur les tenants et aboutissants des successions au sein des compagnies de danse, dans une perspective d’avenir pour la discipline et, plus particulièrement, pour les nouvelles générations d’artistes et de compagnies qui trouvent peu ou mal leur place dans le système actuel de financement des arts.
C’est dans cet esprit que le RQD a rencontré, à la fin mai, six des 18 signataires de la lettre, en présence de trois membres du comité mobilisation et concertation du conseil d’administration du RQD. Une fois exposées les préoccupations des signataires réunis, différentes possibilités d’engager le milieu dans une démarche de réflexion collective ont été explorées en prenant en compte les conditions à réunir et les pièges à éviter dans un esprit de réelle concertation. Une nouvelle rencontre serait nécessaire pour établir un plan de travail et préciser divers aspects dont le partage des rôles et responsabilités entre le groupe des signataires et le RQD. Un mois plus tard, à la demande du CA du RQD, trois signataires se sont réunis pour clarifier le mandat que le groupe souhaitait confier au Regroupement. Sur la base du document déposé, des échanges courriels et téléphoniques ont permis de s’entendre sur une marche à suivre dans le court terme : confier à un comité du conseil d’administration du RQD la tâche de définir un cadre de travail qui permette de poursuivre la réflexion sur les successions en danse en tenant compte du calendrier des activités déjà prévues en 2016-2017 et des ressources disponibles au sein de l’équipe.
Voici quelques-unes des questions, formulées dans le document déposé, qui guideront la réflexion du comité de travail du RQD: Quelles sont les motivations derrière le désir de succession, celui de filiation, de passation, de testament artistique ou de fermeture d’un organisme? Comment sécuriser les montants actuellement attribués à la danse par les trois Conseils des arts, afin de permettre un renouveau artistique et politique dans le paysage québécois? Comment discuter de ces enjeux en toute transparence avec les Conseils des arts? Comment accompagner les compagnies phares en fin de carrière, de sorte que le processus de succession soit organique, plutôt que le résultat d’un changement subit? Comment aborder la question des successions en danse, de façon transparente et constructive entre les différentes générations d’artistes, le but étant d’en arriver à dresser un portrait des préoccupations qui nous habitent?
Si le milieu souhaite unanimement que les fonds rendus disponibles par la fermeture d’une compagnie de danse restent à la discipline, des voix s’élèvent pour avoir voix au chapitre quant à la répartition de ces fonds : entre les générations, entre les compagnies et autres organismes en danse, ainsi qu’entre les compagnies et les chorégraphes indépendants dont plusieurs aspirent à d’autres modes organisationnels. À vrai dire, le débat soulevé autour des successions en danse s’inscrit dans une problématique beaucoup plus large et complexe à dénouer; ce dont rend compte le Plan directeur de la danse professionnelle au Québec 2011-2021. Et si sa mise en œuvre affiche à mi-parcours un bilan somme toute honorable en retombées, beaucoup reste à faire à la lumière des consultations menées par le RQD auprès de plus d’une soixantaine de membres au printemps dernier. Chose certaine: l’avenir de la danse ne peut s’imaginer sans un engagement plus soutenu de la part des pouvoirs publics et des instances subventionnaires et sans un dialogue encore plus ouvert avec ces derniers et au sein du milieu.
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