« Ce n’est qu’un…»
Voilà, ça y est! Fabienne Cabado est arrivée en poste cette semaine, a pris la chaise, l’ordinateur, les clés, le cellulaire de la déjà ancienne DG. Je lui souhaite du fond du cœur autant de bonheurs que ces treize années passées en votre compagnie. Merci mille fois, chers membres du RQD, généreux présidents et membres du conseil d’administration, précieux alliés et partenaires de la danse, et très chers coéquipiers dans un voyage au long cours. Bien sûr, il nous est arrivé de naviguer à l’aveugle, mais avec la confiance de qui sait qu’il trouvera en plongeant solidairement.
Si je quitte le bateau en toute sérénité, ce n’est pas sans vertige. Qu’on le veuille ou non, on tombe amoureuse de ce milieu, on en épouse les causes, les ambitions, les rêves; on veut son bien, on veille sur sa santé, on n’accepte pas ses conditions de vie et de pratique; on veut beaucoup mieux pour lui; et on apprend à se battre. Sans filet, bien souvent. Bref, on s’engage sans compter, y trouvant là une raison d’être, un sens à sa vie, des valeurs qui m’animent depuis ma tendre enfance. À cause de la musique, du dessin, des mots, de la littérature, du théâtre et de la danse. Eh oui! Que de détours pour la retrouver et en comprendre maintenant, à mon âge, la puissance d’évocation, le pouvoir d’élévation au contact de tous ceux et toutes celles que j’ai côtoyés pendant ces nombreuses années.
J’ai une profonde admiration pour ces hommes et ces femmes qui font de la danse un choix de vie, un art de vivre. Car la danse a ses exigences! Exigences que j’ai ardemment souhaité voir mieux comprises et reconnues. Mon vœu le plus cher, en retrouvant ma liberté, c’est de trouver par d’autres voies la manière de faire œuvre utile de sensibilisation à la danse, de valorisation de ses artistes et ses travailleurs. En quittant le RQD, je pourrai me rapprocher de ce qui anime le milieu : la danse dans ses déclinaisons possibles, ses promesses en devenir. Je retrouverai ce temps et cette disposition intérieure, qui m’ont souvent manqué pendant que j’étais à la barre du RQD, pour accéder à la fine substance d’une œuvre, en capter les subtiles et intimes vibrations quand elle se déploie sur scène dans ce silence si propre à la danse.
Je pars en ayant le sentiment d’avoir donné le meilleur de moi-même, malgré les ratés, les mauvais aiguillages, les dossiers que je n’ai pas su, ou pas pu, faire avancer au rythme où nous le souhaitions collectivement et individuellement. Je pars confiante, gardant pour moi des inquiétudes qui s’avèreront, sans doute, pures fabulations. Car, quel que soit le contexte, et Dieu sait qu’il est devenu complexe et bousculant, le milieu de la danse trouvera à poursuivre sur sa lancée, car ses aspirations sont justes et sa solidarité exemplaire.
Je pars dans l’élan prodigieux que la communauté de la danse m’a insufflé au cours de toutes ces années. Un élan qui me portera encore et plus loin.
Je crois bien qu’il s’agit, aujourd’hui, non pas d’un adieu mais d’un… «Au revoir»
Au revoir!
Lorraine Hébert
Montréal, le 7 septembre 2016