L’avenir du spectacle passe-t-il par la webdiffusion?
Généralistes ou spécialisées, professionnelles ou grand public, les plateformes culturelles en ligne se multiplient. Les modes de diffusion se transforment et tendent à rendre accessibles les spectacles partout et en tout temps : archives numérisées disponibles en ligne, spectacles diffusés à la télévision ou au cinéma, festival entier retransmis en direct sur Internet, etc. Numeridanse.tv, iTunes Festival ou, plus près de chez nous, La Fabrique culturelle, rendent possibles de nouvelles expériences artistiques et contribuent à transformer les habitudes culturelles des publics.
Cette tendance à la numérisation et à la webdiffusion qui, selon toute vraisemblance, est là pour rester, questionne toute la chaîne du spectacle et, au premier plan, la diffusion. Nous vous présentons ici l’étude canadienne sur L’importance de la diffusion des arts ainsi qu’un compte-rendu d’un atelier sur les potentiels de la webdiffusion organisé par CAPACOA qui apportent un éclairage intéressant sur le sujet.
Mais d’abord, qu’est-ce que la webdiffusion?
Appelée aussi webcasting ou live streaming, la webdiffusion est la diffusion en continu (ou en flux) de contenus multimédia, audio ou vidéo, sur le web. Elle permet à l’internaute de lire le fichier en temps réel pendant la transmission sans avoir à attendre son téléchargement complet.
La transmission en direct de spectacles est de plus en plus aisée à mettre en place avec la généralisation des réseaux LTE (Long-Term Evolution) et l’accessibilité grandissante des technologies de captation et de diffusion. En effet, chacun pourra bientôt enregistrer et diffuser un spectacle sur Internet au moyen d'un appareil portable, voire en 3D ou en réalité augmentée et en temps réel!
Quelques chiffres sur la fréquentation des arts de la scène
L’étude sur L’importance de la diffusion des arts révèle, sans surprise, qu’un nombre grandissant de Canadiens assiste à des spectacles professionnels en direct par le biais des médias, sur Internet, à la télévision ou encore au cinéma. Selon l’étude, 86 % des Canadiens indiquent avoir regardé des représentations données par des artistes professionnels dans divers médias en 2011. Sept Canadiens sur dix on vu ou écouté des spectacles à la télévision et 46% d’entre eux affirment regarder occasionnellement des spectacles sur YouTube, Vimeo ou d’autres services vidéo en ligne. Environ le tiers des répondants ont regardé des spectacles sur DVD ou vidéo.
Pour 87% des Canadiens, assister à un spectacle signifie voir sur place un spectacle donné sur scène ou dans un autre lieu. 71% des sondés affirment que cette expérience vécue en direct est importante à leurs yeux. Seulement 16% des Canadiens affirment que le fait de regarder à la télévision ou d’écouter à la radio un spectacle diffusé en direct correspond à leur définition personnelle de l’assistance à un spectacle. Près des deux tiers (65%), trouvent que ces modes (télévision ou radio) correspondent au moins assez bien à leur définition personnelle de l’assistance à un spectacle. Plus du tiers déclarent qu’il est important pour eux d’avoir accès de cette façon à une représentation artistique.
Par ailleurs, fait intéressant, l’étude révèle que l’accès aux spectacles via les médias électroniques ne remplace pas la fréquentation en salle. Bien au contraire, cela semble aller de pair. 94 % des personnes qui assistent plus souvent à des spectacles regardent également des spectacles diffusés sur les supports médias.
Comment exploiter la webdiffusion?
À l’occasion de sa dernière conférence annuelle, CAPACOA a organisé une discussion au cours de laquelle 21 participants, la plupart diffuseurs de spectacles, ont exploré les façons dont les diffuseurs pourraient exploiter les technologies de webdiffusion.
Une première série de questions a été posée pour circonscrire le sujet et bien cerner les distinctions entre diffusion en salle et webdiffusion. Quels sont les avantages respectifs ou les aspects distinctifs? En quoi ces deux activités diffèrent-elles et qu’ont-elles en commun?
Si la webdiffusion peut avoir une portée mondiale, être facile d’accès, abordable pour les publics et offrir des possibilités d’interaction sur les réseaux sociaux, elle ne remplacera jamais l’aspect expérientiel du spectacle en salle, la relation de proximité, d’intimité et les interactions avec l’artiste ainsi que la socialisation avec les autres spectateurs qui font partie intégrante du spectacle.
Le second volet de la discussion concernait les marchés potentiels de la webdiffusion, en d’autres termes, à quel type de public s’adresse-t-on?
Les publics potentiels identifiés pour la webdiffusion sont les personnes à mobilité réduite et les personnes âgées, les collectivités où il n’y a pas de lieux de diffusion, les écoles n’ayant pas les moyens de déplacer leur élèves dans une salle de spectacle, les personnes à la recherche d’un rapport d’intimité que peuvent procurer des gros plans ou des visites en coulisses par exemple, ainsi que les spectateurs habituels des représentations en salles (acheteurs de billets, abonnés, donateurs, etc.)
La webdiffusion est-elle un bon moyen de rejoindre de nouveaux publics? Les participants se sont posés la question sans toutefois pouvoir y répondre de façon claire. La webdiffusion pourrait peut-être permettre de rejoindre des publics «curieux» qui aimeraient «essayer» le spectacle sans les craintes associées à la fréquentation en salle et à l’achat de billets.
Plusieurs pistes intéressantes ont également été proposées, par exemple, la webdiffusion «en circuit fermé» d’un spectacle à l’intention d’un auditoire particulier, situé dans une autre ville.
Lisez le court compte-rendu de cette discussion et, si vous souhaitez tenter l’aventure, vous pouvez également consulter l’abc de la webdiffusion qui présente des informations techniques et une liste de fournisseurs.