La danse sur les routes du Québec, un acteur clé dans l’implantation de la danse sur le territoire
Depuis sa création en 1997, l’organisme La danse sur les routes du Québec (La DSR) participe à développer la danse dans chaque recoin du Québec. Favorisant les échanges et la synergie entre les artistes, les compagnies et les diffuseurs, La DSR renforce également la présence de pratiques et d’œuvres chorégraphiques de tous horizons. La danse peut ainsi sortir des sentiers connus pour s’affranchir dans de nouveaux lieux à travers la province.
Le milieu se rallie pour la circulation de la danse
L’histoire de La DSR est intimement liée à celle du Regroupement québécois de la danse (RQD). Devant l’absence criante des spectacles de danse hors des grands centres comme Montréal et Québec, le RQD a mis sur pied un comité de travail formé de diffuseurs et de compagnies afin d’identifier les moyens qui permettraient à la danse de mieux circuler à travers le territoire. On est alors en 1994, où se tenaient les premiers États généraux de la danse organisés par le RQD. Deux ans plus tard, le projet-pilote Pour que la danse reprenne les routes du Québec nait.
En 2000, l’organisme devient indépendant et adopte l’appellation La danse sur les routes du Québec. Il poursuit, depuis lors, sa mission première : «On travaille en réseau, on représente au mieux nos membres pour améliorer la diffusion de la danse et le développement des publics de la danse au Québec, au Canada et à l’international», résume le directeur général Pierre-David Rodrigue, en poste depuis 2019.
À travers ses différents programmes, La DSR s’adresse aussi bien aux chorégraphes, aux compagnies de danse qu’aux diffuseurs pluridisciplinaires et spécialisés en danse, de même qu’aux agents de diffusion et de développement de public. Pour augmenter concrètement la présence de la danse dans les salles québécoises, le Programme de développement de la danse joue un rôle fondamental. Il s’agit d’une des plus importantes actions de la DSR, mais pourtant la moins connue selon son directeur général.
Le Programme de développement de la danse : un engagement des diffuseurs pluridisciplinaires
Dans le cadre de ce partenariat avec les diffuseurs, un ensemble de principes doivent être respectés. En plus d’avoir un quota de spectacles et d’activités de médiation culturelle à mettre sur pied, ils doivent également participer entre autres, aux formations de la DSR, à la biennale Parcours Danse, à des réunions de programmation. Tout cela concorde avec l’une des valeurs de l’organisation: celle d’initier des échanges et du partage.
Parmi les 22 diffuseurs participants, on retrouve le Théâtre du Bic dans le Bas-Saint-Laurent. Stéphanie Therriault, directrice de la programmation souligne les avantages du programme qui, selon elle, dépasse une simple aide pour présenter des spectacles. «Les formations axent le regard du diffuseur sur le développement de la discipline, indique-t-elle. Ça nous encourage à accueillir des artistes en résidences ou à faire des activités de médiation. Il y a une volonté de construire, de bâtir et de solidifier les connaissances autant chez le public que parmi les diffuseurs aussi.»
Faisant partie des principes fondateurs du programme, l’obligation d’embaucher une personne dédiée à la discipline est toujours de mise. «Dans plusieurs cas, c’est un agent de développement, une ressource qui se consacre à chaque année à avoir un plan de développement pour la danse adapté à la réalité, la région et les capacités de chaque diffuseur», précise Pierre-David Rodrigue.
Des retombées positives
«Lorsque le programme a commencé, il y avait encore très peu de spectacles de danse à l’extérieur des grands centres, souligne Pierre-David Rodrigue. Maintenant, on est rendu avec une programmation constante et annuelle en danse de création. Ce qui a changé, c’est qu’il y a maintenant un engagement soutenu envers la discipline.»
Dans le dernier rapport annuel de l’organisme, on peut lire qu’en 2019-2020, 16 diffuseurs pluridisciplinaires se sont engagés pour une cinquième année dans le cadre du Programme de développement de la danse et que six nouveaux diffuseurs pluridisciplinaires se sont ajoutés et profitent d’un partenariat de 250 000 $ de La DSR. À cause de la pandémie mondiale qui donne du fil à retordre au milieu des arts vivants, 120 représentations ont pu voir le jour sur les 180 prévues. Il s’agit d’une performance constante et légèrement supérieure aux chiffres de 2018-2019.
Devant ce réel intérêt de part et d’autre, l’objectif est de bonifier les rangs du programme. «C’est sûr qu’on a atteint une vitesse de croisière, mais il y a encore des diffuseurs à aller chercher, il y a encore place à du développement de la danse. Les diffuseurs continuent à augmenter le nombre de spectacles qu’ils programment. Maintenant les diffuseurs savent que plus ils programment de la danse, plus ils ont de spectateurs. C’est un goût qui se développe chez les spectateurs.»
Sensibilisation à la sélection artistique
Depuis 2018, la DSR a mis sur pied un programme pilote visant à développer les compétences en diffusion de la danse pour des artistes qui s’identifient comme membres d’une communauté autochtone ou racisée. Cela s’étend aussi au Programme du développement de la danse. «C’est certain qu’il y a un enjeu d’arriver à refléter nos priorités en termes d’équité entre les styles, entre les genres, explique Pierre-David. Par contre, on donne des formations, des ateliers pour provoquer des rencontres avec ces artistes qui sont sous-représentés.»
Il s’agit d’une préoccupation à laquelle est sensible Stéphanie Therriault dans sa propre démarche de programmatrice. «J’essaie d’avoir un équilibre entre les artistes établis et des artistes de la relève par exemple, déclare-t-elle. Il est important ne pas avoir seulement des œuvres semblables. Ça vient aussi par en dedans, je cherche des œuvres qui touchent le public, qui piquent leur curiosité, qui soient dans la diversité et la représentativité de plein d’esthétiques et d’expériences.»
Aux yeux de Stéphanie Therriault, le Programme du développement de la danse de la DSR est absolument nécessaire et mérite de s’élargir à un plus grand nombre de diffuseurs. En attendant, au Théâtre du Bic, ce «rapport de cœur» avec la danse est là pour durer. «Ce n’est pas par obligation qu’on programme de la danse, c’est par choix, par passion et par envie de développer cette discipline», conclut-elle.
Autrice:
Rose Carine Henriquez