Transition à La danse sur les routes du Québec: Paule Beaudry passe la main
C’est avec enthousiasme et confiance que Paule Beaudry confie les rennes de La danse sur les routes du Québec (La DSR) à son directeur général adjoint Pierre-David Rodrigue. Membre de l’équipe depuis deux ans, ce dernier a déjà apporté sa couleur à l’organisme et saura poursuivre l’important travail que sa prédécesseure a accompli au cours des 16 dernières années. Le Regroupement québécois de la danse (RQD) profite de ce moment charnière pour une rencontre avec celle sans qui la diffusion de la danse au Québec ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.
Comment as-tu vu La DSR évoluer depuis ton entrée en poste en 2003?
L’organisme a été créé en 1997 par le RQD et quand je suis arrivée, il venait de devenir un OBNL. Tout était à construire; j’étais la seule employée! Il y avait peu de ressources financières, l’organisme était soutenu à projet. Il a donc fallu, dans un premier temps, assurer un financement stable: passer au fonctionnement et planifier à plus long terme des activités et des services récurrents. Aujourd’hui, le budget de La DSR a plus que quadruplé et elle compte cinq employés à temps plein en plus de deux employés à temps partiel et de contractuels.
Un moment déterminant qui a mis en lumière le réel impact de l’organisation a été la création d’une assemblée de membres: on a réussi à faire valoir que La DSR ne travaillait pas qu’avec quelques diffuseurs mais était au service du milieu de la danse.
Il y a eu aussi la mise sur pied du programme Jouer dehors. Il n’y avait pas de circuit de diffusion pour la danse in situ, alors qu’elle se prête tellement à être présentée en extérieur! Le programme a connu un développement incroyable. Aujourd’hui, 160 représentations de danse sont données annuellement, juste avec Jouer dehors et les artistes qui s’y engagent!
Parcours danse a aussi pris beaucoup d’ampleur. Grâce à la belle mobilisation de partenaires financiers et des diffuseurs montréalais comme L’Agora de la danse, Circuit-Est, La Chapelle, le MAI, les maisons de la culture, Danse Danse, Tangente et j’en passe, ce moment de rencontres et d’échanges est devenu un événement d’envergure qui se déroule dans une vingtaine de lieux, durant cinq jours. Il accueille de nombreux artistes et autant de diffuseurs internationaux, du Canada et du Québec. La programmation s’étoffe d’année en année tout autant que le contenu, c’est une avancée extraordinaire pour le milieu de la danse!
Je retiens aussi, comme élément moteur, l’engagement des diffuseurs pluridisciplinaires auprès des artistes et des publics pour que la danse soit mieux diffusée. Des synergies se sont créées dans le milieu. Grâce à La DSR mais pas seulement. Le RQD, les pôles et foyers de danse tels que l’Assomption, Gaspé, Sherbrooke, ont été et sont encore des acteurs clés du développement territorial.
Et le milieu de la danse?
Il a évolué de façon extraordinaire! Je dirais qu’il y a seize ans, les propositions étaient un peu plus homogènes et uniformes et il y avait de la très bonne danse, mais aujourd’hui, il y a plus de liberté dans la création, elle me parait moins codée et chacun trouve davantage une forme d’expression à laquelle une multitude d’individus peuvent s’identifier.
Au niveau de la diffusion pluridisciplinaire, il y a énormément d’ouverture, d’engagement; on a vu la manière de positionner la danse dans les programmations se transformer. Une vision à long terme de la part des diffuseurs québécois s’est développée et ils ont littéralement adoptés la danse.
De quelle réalisation es-tu la plus fière?
Je suis fière de l’ensemble de ces réalisations-là. J’y ai mis beaucoup de cœur et de volonté. Je suis fière de là où est rendue La DSR aujourd’hui et que Pierre-David Rodrigue soit le prochain directeur général. Enfin, je suis fière de laisser l’organisation en santé et je sais qu’elle va continuer à se déployer pour le milieu de la danse. Je sais aussi qu’elle s’actualise et que déjà, elle sait s’adapter et tirer avantage des changements qui s’opèrent dans l’environnement numérique par exemple.
Qu’est-ce qui t’a rendue le plus heureuse au fil de ces 16 années à la tête de l’organisme?
Ce sont les gens de ce milieu-là qui m’ont rendue heureuse: autant les artistes, les diffuseurs, les agents de développement que mes collègues du milieu. Pour faire notre travail, ça prend le soutien de nombreuses personnes et j’ai eu la chance d’être magnifiquement entourée. C’est un milieu de relations humaines, généreux. Tel est le principal moteur pour moi, la raison pour laquelle on a envie de travailler fort, d’avoir du succès.
Qu’est-ce qui va changer avec ton départ?
Une nouvelle personne amène une nouvelle vision, une nouvelle énergie. Cette énergie du début, quand on commence, est très stimulante pour ceux qui sont autour et qui participent à cette effervescence. Ça va être le fun!
On est dans des années d’abondance pour le milieu culturel, c’est une période de rattrapage historique, ça va relativement bien. Dans ma carrière, je n’ai pas eu la chance d’assister à des hausses de budgets aussi importantes de la part de chacun des paliers du gouvernement et ce, simultanément. Cette abondance jumelée à ce vent nouveau vont mener à quelque chose d’extraordinaire. Je pense que La DSR et le milieu de la danse vont se déployer encore plus!
Que souhaites-tu à l’organisme pour la suite?
Je souhaite à La DSR, à toute l’équipe en fait, d’être reconnus pour ce qu’ils font, qu’on comprenne à quel point cette organisation est importante, qu’on l’investisse à fond et qu’on en prenne soin.
Je suis tellement heureuse que Pierre-David soit le prochain directeur général! C’est très rassurant de partir et de savoir que La DSR va s’épanouir et continuer à être de plus en plus pertinente pour la danse et ses artisans.