J’y suis, j’y reste!
Travailler en danse contemporaine en région amène à se poser toutes sortes de questions sur la place de l’artiste sur son territoire, la distance qui le sépare de Montréal et les manières d’acquérir et de préserver un statut professionnel. Vivre et exercer mon métier à Québec est un choix. J’aime la réalité quotidienne et artistique qui est la mienne. J’y suis, j’y reste!
Loin des centres
J’ai développé significativement ma carrière en région, bien loin des centres urbains de grandes densités. J’ai pris mon envol en Outaouais, où j’ai pu tisser mes premières relations professionnelles et présenter mes projets dans différentes localités. Le Bas-du-Fleuve, niche de rencontres humaines, m’a ouvert grand les bras pour que je puisse donner naissance à des projets artistiques avec très peu de ressources. Et la ville de Québec, où j’ai résolument décidé de m’enraciner en 2009 (au tournant d’un changement de carrière en sciences infirmières qui se dessinait à Montréal), m’a donné les moyens de développer une carrière pérenne.
Je suis reconnaissante à ceux qui m’ont précédé et qui ont fondé des institutions et des organismes de services et de production qui me permettent aujourd’hui de bénéficier d’un soutien continu qui répond à une multitude de besoins, particulièrement avec mon statut de contractuelle.
De la densité réduite de professionnels de la danse hors de Montréal peut naître une certaine fragilité. Chacun des acteurs, individus et organisations, a un rôle d’autant plus grand à jouer dans la chaîne opératoire de la création en danse, aujourd’hui de nature plurielle et multiforme. Vivre de la danse en région, oui, c’est possible, mais il faut être prêt à bosser!
Appartenir à une communauté
À travers les projets artistiques (productions de spectacles, cours de danse au grand public, ateliers de médiation, etc.) et une participation dynamique et récurrente à des évènements de différentes natures (tables de concertation, journées de rassemblement, causeries, stages de perfectionnement, conférences, etc.), je cultive ma créativité personnelle et m’inscris dans ma communauté.
Appartenir à une communauté, c’est aussi s’y impliquer. Comme administratrice, depuis 2012, du conseil d’administration de L’Artère, Développement et perfectionnement en danse contemporaine – seul organisme à offrir un soutien continu à l’entraînement des artistes professionnels à Québec – je suis passée d’un regard tourné vers moi-même, vestige de ma formation générale axée sur le dépassement de soi, au « nous ». Le « nous » inclusif de ma communauté. Ayant hérité depuis peu de la présidence de L’Artère, je ne prétends pas que la route n’est pas encore jonchée de défis, mais définitivement, mon rôle d’administratrice au sein de cette organisation a contribué à donner un sens qui dépasse ma pratique. Une implication que je me plais encore à nourrir comme administratrice du CA du Regroupement québécois de la danse, où je côtoie mes pairs depuis 2015.
Travailler ensemble
En 2012, les membres de la Table de la danse du Conseil de la culture de Québec et Chaudière-Appalaches se dotaient d’un plan d’action sur cinq ans afin d’inscrire la danse de façon pérenne sur le territoire, dans la même veine que le Plan directeur de la danse professionnelle au Québec 2011-2021 du RQD. Ce plan d’action a été une occasion de mobilisation et a permis de porter un regard objectif sur le « ici maintenant ». Il a donné l’impulsion pour voir naître la Maison pour la danse, lieu unificateur et de valorisation de la discipline inauguré en septembre 2017. L’équilibre fragile entre l’offre et la demande, ainsi que les besoins financiers criants d’organismes pivots dans la région sont des phénomènes mouvants qui nécessitent un soin constant.
Cultiver le bien-être, nourrir un sentiment d’appartenance, œuvrer ensemble au bien commun et poursuivre ses rêves au gré des évènements et des rencontres, voilà selon moi de quoi donner des ailes à la danse professionnelle, quelle que soit notre ville ou notre région!