Le comité Relations de travail expose le résultat de ses travaux aux professionnels de la danse
Dans la continuité des activités de concertation du RQD visant l’élaboration d’un plan de relance pour la danse professionnelle, le comité Relations de travail a présenté l’avancement de ses travaux à la communauté de la danse le 23 septembre 2020. Une trentaine d’artistes et de travailleurs culturels* ont répondu présent et ont nourri les réflexions de leurs idées et commentaires.
Résumé des travaux du comité
C’est au terme de cinq séances de travail de deux heures que le comité Relations de travail** a présenté publiquement ses réflexions sur les besoins à combler et les actions à mettre en œuvre pour améliorer les relations de travail et assurer une saine relance des activités en danse dans le contexte de pandémie.
Le comité a identifié six principaux enjeux liés à la relance des activités en danse:
- Assurer la santé et la sécurité de tous en sensibilisant l’ensemble des professionnels à l’importance de respecter les mesures sanitaires.
- Développer des façons de favoriser un meilleur dialogue dans les relations de pouvoir (employeur/employé, contractant/contractuel, diffuseur/artiste, etc.)
- Outiller les interprètes et les chorégraphes à l’intégration de clauses contractuelles spécifiques (par exemple, en cas d’annulation de spectacles, en cas de maladie liée à la COVID-19 ou autre).
- Assurer la remise en forme des danseurs pour préserver leur employabilité et minimiser leurs risques de blessure.
- Continuer d’œuvrer à l’inclusion.
Pour répondre à ces enjeux, le comité a également proposé une liste d’outils collectifs:
- L’élaboration d’un arbre décisionnel offrant une marche à suivre claire dans diverses situations. Utile, par exemple, en cas d’apparition de symptômes de COVID-19 dans une équipe artistique.
- L’actualisation de la trousse contractuelle du RQD pour y ajouter des éléments en lien avec la pandémie.
- La création d’un outil permettant de partager les bonnes pratiques en matière de relations de travail en contexte de création in situ.
- La promotion d’outils existants. On cite notamment un code d’éthique en danse (présentement en rédaction par un groupe indépendant formé de membres du Healthy Dancer Canada, Safe in Dance International, IAMDS-International Association of Dance Medecine and Science et One Dance UK) et plusieurs ressources du RQD: la trousse Favoriser l’inclusion et l’équité dans le milieu de la danse, la trousse Prévenir le harcèlement et autres violences et un article proposant 5 tactiques pour survivre au conflit.
Le comité a par ailleurs présenté sa Feuille de route, document synthèse de ses travaux.
Synthèse des discussions
À la suite de cette présentation, les participants ont été invités à poser leurs questions, identifier les enjeux éventuellement omis et proposer de nouvelles pistes de solutions. S’est ouverte une période d’échanges féconds dont voici les grandes lignes.
Entraînement et santé-sécurité
La conversation s’est rapidement orientée vers des problématiques pré-pandémie, telle que l’insuffisance de mesures de santé-sécurité dans les studios de création. Certains déplorent une préparation physique souvent lacunaire avant d’entamer une production et sentent que la responsabilité incombe majoritairement au danseur, dont on attend qu’il soit prêt à « toute éventualité » en termes d’exigences chorégraphiques. Comme piste de solution, il a été proposé de demander aux employeurs de prévoir dans leurs échéanciers et budget de production une période d’entraînement spécifique à leur travail chorégraphique et supervisé par un kinésiologue. On a appelé à plus de prévention afin d’éviter d’avoir à gérer des blessures et un participant a rappelé, d’un même élan, que les interprètes membres du RQD peuvent bénéficier d’un soutien à l’entraînement. Il a ainsi été proposé de mieux répartir la responsabilité de l’entraînement entre l’employé – qui peut recevoir un soutien financier pour son entraînement personnel et le maintien de sa forme physique – et l’employeur, en l’encourageant à proposer un entraînement spécifique à une création ou à une représentation.
Il a été rappelé que la périodisation de l’entraînement, déjà plus ou moins prévisible avant la pandémie, ne l’était plus du tout dans la situation actuelle, car les calendriers sont décalés, morcelés et sujets à changements. La prise de conscience que les danseurs ne pourront pas tous entretenir le même niveau d’entraînement renforce l’importance de la responsabilité partagée entre danseur et producteur.
S’entendre en amont sur les termes d’une collaboration artistique
Plusieurs personnes ont insisté sur la nécessité de mieux communiquer en amont d’un projet et de normaliser, voire de systématiser la conversation au démarrage d’un projet artistique, avant même la signature du contrat de travail. L’objectif est de clarifier les termes d’une collaboration en discutant, dès l’amorce d’un projet, du fonctionnement global de l’équipe et des processus créatifs, de la charge de travail, de la répartition des responsabilités, des possibles obstacles, etc. Un appel à plus d’organisation dans les échanges professionnels, sans entraver la spontanéité de la recherche créative, mais pour établir une compréhension commune des processus, des objectifs et faciliter la communication entre tous les intervenants.
Transparence et responsabilité en cas de contamination
Autre élément important souligné lors de la discussion: la question de la transparence et de la responsabilité des individus de s’informer sur les mesures sanitaires en vigueur et de se déclarer en cas de contamination. Un participant rappelait qu’il relève de la responsabilité citoyenne de ne pas contaminer d’autres gens en respectant les mesures évolutives de la santé publique. La précarité financière des artistes pourrait-elle en amener à cacher des symptômes pour continuer à travailler? Pour contrer cette éventualité et assurer la santé-sécurité de l’ensemble des équipes, quelqu’un suggère d’évaluer la possibilité d’ajouter aux contrats une clause stipulant que l’interprète sera payé même s’il doit s’absenter en cas de symptômes de COVID-19.
Inclusion
Également, après l’intervention du membre du comité Paco Ziel, qui a abordé la question de l’inclusion à travers son histoire personnelle, une participante s’est inquiétée, en fin de discussion, que cet enjeu n’ait pas été assez creusé. Elle a invité les professionnels de la danse à réfléchir aux façons d’ajouter l’inclusion dans toutes les strates de la pratique.
En somme, les participants ont validé les enjeux identifiés par le comité Relations de travail et ont pu proposer de nouvelles pistes de réflexion et de solution. Le besoin de partager des informations et des outils a clairement été exprimé. Une dernière séance de travail est prévue par le comité pour actualiser ses travaux à la lumière de ces nouveaux apports. Par la suite, le RQD fera la synthèse des travaux de chacun des comités de concertation, puis amorcera la rédaction d’un plan de relance pour le secteur de la danse. À surveiller.
* On comptait environ 63% d’artistes, 3% de diffuseurs, 7% de représentants d’organismes de service, 5% de représentants de compagnies et 3% de non-membres.
** Le comité est composé de: Marilyn Daoust, Caroline Gravel, George Krump, Philippe Meunier, Axelle Munezero, Nicolas Patry, Ola Pilatowski, David Rancourt, Georges-Nicolas Tremblay, Jamie Wright et Paco Ziel.