Que le spectacle continue…
Mais le doit-il vraiment? Ce vieil adage serait-il en réalité la source des pressions et des tensions qui se font de plus en plus ressentir sur l’ensemble de la chaîne création-production-diffusion?
La chaîne création-production-diffusion est complexe autant qu’essentielle, chacun des maillons étant interdépendant des autres. C’est en réalité plus une toile qu’une chaîne et le stress exercé tout au long du processus provoque une pression générale.
Les danseurs ressentent la pression de continuer de danser, peu importe la douleur ou l’inconfort, parfois pour une rémunération en dessous de la moyenne. Les chorégraphes ressentent la pression des diffuseurs de présenter le «bon» type de spectacle, celui qui plaira à leur public. Les diffuseurs ressentent quant à eux la pression des bailleurs de fonds pour remplir leurs salles. Tout le milieu se retrouve dans un presto, et jamais nous ne disons «non, le spectacle ne doit PAS continuer», du moins, pas dans ces conditions.
La complexité de la production artistique est que la passion en est le moteur. Et c’est cette passion qu’on exploite, qui fait accepter de mauvaises conditions de travail et nous pousse à faire des concessions pour que le spectacle continue.
Mais cette passion est aussi ce qui nous apporte tant de satisfaction quand, enfin, nous parvenons à accomplir le projet pour lequel nous avons travaillé si dur. Voilà le dilemme dans lequel nous nous trouvons.
Il y a un prix à payer pour continuer de travailler dans des conditions intenables. Et ce prix, c’est le capital humain. Infirmiers, enseignants, artistes… tous passionnés et dévoués à leurs professions, mais qui continuellement doivent se battre pour de meilleures conditions afin de parvenir à travailler sans s’épuiser.
Alors, que pouvons-nous faire en attendant que les paradigmes mondiaux changent? Commençons par en apprendre un peu plus sur les autres maillons de cette grande chaîne-toile de création, production et diffusion de la danse. Plus nous comprendrons les rôles des autres autour de nous, plus fructueux et pertinent sera le dialogue.
Jamie Wright et Lük Fleury
Coprésidents du RQD