État des lieux du patrimoine en danse
Quelques constats
Jeudi dernier avait lieu au RQD la troisième rencontre du comité de l’état des lieux du patrimoine en danse. La présentation par Myriam Grondin des constats et des analyses préliminaires du sondage, mené l’été dernier, a occupé une bonne partie des discussions. La bonne nouvelle, c’est que de manière générale les personnes sondées sont sensibles à la question du patrimoine de la danse. La presque totalité des gens accumule, garde, entasse, conserve ou préserve des documents qui sont nécessaires à la compréhension de ce patrimoine. Là où les choses se complexifient, où des différences parfois importantes surgissent, c’est lorsque la question porte sur les ressources, le temps, les conditions ou l’expertise, etc. Le degré de sensibilisation varie, les savoir-faire sont inégaux et le rang qu’occupe cette question sur la grande table des priorités s’avère différent pour chacun, selon divers facteurs : l’expérience, le métier, la formation, le fait de faire partie d’une organisation ou non. Autre constat, on remarque que l’idée que les gens se font du patrimoine en danse se limite trop souvent à la notion de patrimoine chorégraphique, alors que les éléments constitutifs de ce patrimoine couvrent un terrain beaucoup plus large. Pour consigner l’histoire de la danse dans sa globalité, on aura aussi besoin d’information sur les pratiques au niveau de la formation, de la diffusion, de l’accompagnement administratif, etc.
Le numérique : la réponse à tout?
La rencontre du comité de suivi a également porté sur certains enjeux qui révèlent une complexité plus grande que prévu. C’est le cas notamment de la question du numérique. Il y a une perception largement répandue selon laquelle l’ère du numérique apporte des solutions facilitantes pour la préservation et la diffusion du patrimoine de la danse. Or, ce n’est pas si simple et c’est même à certains égards plus compliqué qu’à l’ère du tout papier et de l’analogique. D’une part, les habitudes de classement se sont profondément modifiées et la quantité de documents conservés s’est accrue de manière quasi exponentielle. D’autre part, le numérique conduit aussi à toute une série de défis techniques et technologiques à rencontrer. Certes, la numérisation de documents analogiques (bandes magnétiques, vidéocassettes diverses) se présente sous de beaux atours : tout cet espace que l’on pourra récupérer! Il faut cependant agir avec circonspection. Une mise en garde s’impose même.
Prudence!
Certains le savent, plusieurs l’ignorent, mais aucun format de fichier ou support numérique n’est parfaitement intemporel ou universel. Certains peuvent même être préjudiciables à la conservation et à l’exploitation future des données. Par exemple, le transfert de cassettes VHS* à DVD serait à éviter, surtout si on a l’intention de se débarrasser des cassettes. Le support DVD est de qualité variable et le format de fichier qu’il demande entraîne une perte de qualité et donc de données. Le transfert de VHS vers un fichier numérique non compressé, enregistré sur des disques durs, entreposés dans des conditions optimales, apparaitrait comme une solution plus appropriée, même si elle n’est pas plus permanente en l’état actuel des choses. Dans tous les cas, il y a lieu de consulter une ressource experte en la matière avant de poser des actions irrémédiables.
Cet exemple illustre bien l’urgence de travailler sur des solutions et des recommandations au fur et à mesure que l’on identifie des problématiques liées au patrimoine. Même s’il reste tant à faire, les travaux avancent bien. Paraphrasons un membre du comité de suivi, à la sortie de la dernière rencontre : « Jamais la danse ne s’est rendue aussi loin dans sa réflexion sur le patrimoine! Enfin! »
*La même logique s’applique à la plupart des supports les plus courants comme Betacam, Super VHS, Hi8, Di8, etc.